En 1935, le maire de Clichy, Charles Auffray lance un concours d’architectes pour la couverture du marché de plein air, rue de Lorraine (boulevard du Général Leclerc). Les architectes Beaudouin et Lods, associés à l’ingénieur Vladimir Bodianski, proposent une hypothèse novatrice : ils envisagent une rentabilisation maximum de l’espace. Le projet accepté est celui d’un marché en rez-de-chaussée auquel s’adjoint un étage aménageable en bureaux et salle polyvalente de 1000 places, pouvant être transformée en salle de cinéma, dans un bâtiment entièrement modulable, avec des cloisons, un plancher et un toit escamotables.
Pour réaliser ce que Charles Auffray appelle déjà la Maison du Peuple, les architectes collaborent avec Jean Prouvé. Celui-ci leur apporte, au-delà de la conception, des solutions techniques originales dont la plus exemplaire reste les murs-rideaux, réalisés pour la première fois à Clichy : les murs, non porteurs, sont simplement suspendus à la structure. Ce prototype de l’architecture métallique connaît son aboutissement avec la réalisation, en 1977, du Centre Georges Pompidou.
L’histoire du bâtiment est intimement liée aux événements du Front Populaire et de la guerre de 1939-45. Les couleurs choisies du bâtiment furent le jaune à l’intérieur, argent et rouge à l’extérieur. Il est doté d’un toit en verrière mobile (comble ouvert ou fermé), distribuant un maximum de lumière, pouvant s’effacer pendant les périodes de beau temps (partie terminée en août 1940).
Pour ses fondations, il apparaît à cette époque utile de réaliser un sous-sol destiné à servir, éventuellement, d’abri antiaérien existant encore de nos jours. Il se situe côté boulevard du Général Leclerc. Il pouvait accueillir environ 200 personnes habitant les environs, lors des alertes.
Après la seconde guerre mondiale, le bâtiment accueillera le congrès régional de la Fédération des déportés et internés résistants et patriotes. Par la suite, s’y tiendront certains grands meetings du Parti Socialiste. Gérard Philippe se produira sur la scène de la Maison du peuple en 1951. Des foires aux livres et des concerts ainsi que des évènements locaux, tels les arbres de Noël ou les remises de prix ou encore le salon de printemps présentant les productions des artistes locaux, peintres, sculpteurs, photographes, etc, y seront organisés jusque dans les années 1980.
La qualité de la réalisation et son caractère novateur exceptionnel sont à l’origine du classement de la Maison du Peuple comme monument historique, en 1984. La restauration de l’édifice entreprise en 1993, sous la houlette de l’architecte en chef des bâtiments de France, Hervé Baptiste, entraine sa fermeture.
Cette restauration du bâtiment a permis de retrouver son aspect extérieur d’origine. Elle a également permis le désamiantage total du lieu. La définition d’un projet pour le monument permettra de terminer cette restauration et de faire revivre un bâtiment phare du paysage clichois.
A consulter : SIMONOT Béatrice, La Maison du Peuple, un bijou mécanique, Blou, Editions Monografik, 2010.